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d'André Patte
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Témoignages




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André Patte



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L'atelier

André Patte dessinait et peignait comme il respirait‚ sans relâche‚ sur tout papier à sa portée (même papier journal ou partition de musique). Un jour qu'il n'avait pas son carnet de croquis dans un restaurant‚ la serviette de table en papier lui a permis de croquer le coucher de soleil.


Son atelier dont il avait fait les plans n'avait pas de chauffage (Il y installera le gaz vers 1976). Sans chauffage‚ il l'isole en mettant sur le sol plusieurs couches de gros tapis qu'il récupère à la fin d'une exposition ou d'une foire. Il récupère de vieux meubles dont certains veulent se débarrasser.


L'hiver‚ il peint dans la maison. Ses amis‚ qui habitent hors de Dijon‚ savent que‚ s'ils ne peuvent pas rentrer chez eux un soir‚ un lit les attend à l'atelier et que‚ le matin‚ André leur préparera le café.





2CV‚ un atelier ambulant.


André Patte a une voiture‚ toujours une 2CV‚ la voiture idéale pour le peintre. Elle passe partout dans ces petits chemins de campagne « impraticables aux voitures ». En toute saison‚ il se place où il veut pour dessiner. Le volant permet de poser le carton à dessin ou la toile. Sa voiture est un atelier ambulant. Dans le coffre‚ on trouve le matériel du peintre : un chevalet‚ des carnets‚ des toiles‚ un siège‚ des bouteilles d'eau‚ des tubes de peintures‚ des feuilles de papier‚ des crayons et pinceaux en tous genres…


Ce capharnaüm lui permet de vagabonder dans la campagne bourguignonne en toute tranquillité. Son principal souci‚ le matin : trouver une boulangerie ouverte (à cinq heures‚ en été‚ il est souvent parti pour attendre le lever de soleil sur un site précis). Dans le coffre‚ on trouve aussi un réchaud de camping‚ des boites de conserve… Tout pour être autonome et sans contraintes !





A chaque fois que le peintre découvrait une région qui lui plaisait‚ il essayait de louer un local qu'il aménageait pour travailler. Ainsi‚ il s'est créé d'autres ateliers chez des amis peintres‚ mais aussi à Chateauneuf‚ à Reulle‚ à Flavignerot‚ à Dijon également‚ …


Il occupait ce local pendant un certain temps (deux ans en moyenne) mais des touristes reconnaissaient sa 2CV qu'il ne pouvait pas toujours cacher et l'empêchaient de travailler. Alors‚ il se cherchait un autre local ailleurs.

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A la campagne





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Devant son colombier




Lors d'une exposition après le décès du peintre, j'entendis une personne expliquer : « Je connaissais André Patte. Il n'a jamais beaucoup dessiné. Un jour que j'étais dans son atelier chez lui‚ il n'avait que trois ou quatre œuvres à me présenter… » Cela me fit beaucoup sourire car je connaissais le peintre. Il n'aimait pas que quelqu'un vienne regarder ses oeuvres dans son atelier. « Il perdait des heures à présenter ses oeuvres et il ne pouvait pas peindre ». Aussi‚ il « cachait » ce qu'il produisait. Quinze ans après son décès‚ en enlevant des tapis pour nettoyer‚ sa petite fille découvrira dans son atelier un carton contenant environ 150 oeuvres sur papier.





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Au café de Corcelles les Monts

Les amis (la substitution des press–books)

André adorait être entre amis (« les copains‚ c'est sacré »)‚ surtout des jeunes. Il aimait peindre‚ discuter‚ manger avec eux. Il organisera des réunions ou des repas dans son atelier de Dijon ou d'ailleurs‚ dans son colombier… Il était affable et accueillant. Il aimait qu'on vienne le voir ou lui–même allait voir ses amis chez eux. Souvent quand il avait fini de peindre dans la nature‚ il prenait sa trompe de chasse et prévenait ainsi ses amis qu'il s'arrêtait de travailler et qu'il passerait dans quelques instants. Son approche était facile.


Un jour‚ vers 1980‚ un étudiant des Beaux–Arts lui téléphona : Il n'avait pas renvoyé à l'Université une demande de documentation (sur l'artiste et son oeuvre ) que l'artiste avait reçue de l'université. Rendez–vous fut pris aussitôt. L'étudiant arriva. L'artiste lui expliqua que remplir des paperasses ne l'intéressait pas du tout. Après deux heures de dialogue sur l'art graphique, André était surpris de l' érudition de son interlocuteur (pour un étudiant). Quand l'étudiant se proposa pour réaliser le travail‚ André‚ enchanté de voir qu'enfin un bon article allait le concerner‚ lui fit confiance et l'étudiant partit avec tous les press–books (quatre classeurs) du peintre et des documents personnels (lettres d'André Malraux‚ d'Edwige Feuillère‚ de Marlène Jobert‚ de Claude Jade … ‚ dédicaces de Georges Brassens‚ de Mouloudji‚ … presque tous les originaux des diplômes internationaux reçus en peinture…) Rendez–vous fut pris pour analyser la première mouture du texte. André ne le revit jamais‚ il ne lui avait même pas demandé son nom ! Il se consola de la perte de ses documents en se disant qu'ils étaient entre les mains d'un escroc très érudit !





Il brûle


Tous les six mois environ‚ il regarde‚ une à une‚ les nouvelles oeuvres entassées (dessin‚ aquarelles‚ gouaches‚ …). Si l'oeuvre lui plaît‚ il la repose sur un nouveau tas‚ mais beaucoup d'entre elles sont chiffonnées‚ indignes d'être conservées. Alors‚ il les brûle dans le jardin : Sa cheminée à l'atelier aurait eu du mal à supporter autant de cendres et la fumée aurait ralenti le travail du peintre.

Un après–midi que j'arrivais chez lui‚ je le vis ainsi jeter à terre‚ au milieu d'un gros tas de papiers chiffonnés‚ un immense et superbe dessin de nu. Je me précipitai sans comprendre‚ lui demandai de garder l'oeuvre. L'artiste reprit le dessin‚ l'observa. « Regarde ». Il pointa son index sur un mollet (défaut que je n'ai toujours pas compris) et‚ cette fois‚ déchira le papier en disant : « Si la postérité veut une oeuvre‚ elle n'aura que l'embarras du choix dans l'atelier. Ne gardons que les bonnes ! »





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André Patte à l'atelier




Vendre


André Patte n'aimait pas vendre. Pour lui‚ l'argent était péjoratif et mesquin. Si quelqu'un avait le malheur de comparer une oeuvre à une somme quelconque‚ le visage de l'artiste se fermait et l'entrevue se terminait rapidement‚ à la stupéfaction de l'interlocuteur. Parfois‚ si un admirateur semblait apprécier et comprendre particulièrement bien une de ses oeuvres‚ Patte la lui donnait.





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le colombier‚ Flavignerot




Il peignait pour lui


Il peint pour son plaisir‚ surtout pas pour les autres‚ pour lui. Bien sûr‚ ces oeuvres‚ il fallait en montrer quelques–unes lors d'expositions (mais quelle perte de temps !) non pas pour les vendre (il est vrai qu'on n'a pas le choix‚ même si l'artiste n'aime pas vendre ! d'autant plus que les acquéreurs choisissent toujours les plus belles !) mais pour être sûr‚ soi–même‚ qu'on est dans la bonne voie (Ah‚ ces sacrés critiques !).


Et surtout‚ le peintre est un homme libre. Sa peinture est spontanée et ne s'encombre pas de conventions. Patte ne fait pas des huiles. Il ne fait pas des aquarelles. Il « fait » des bouquets‚ des paysages‚ des danseurs‚ des nus‚ des portraits. Sur une aquarelle‚ il ajoute‚ suivant son instinct‚ de l'encre de Chine‚ du pastel‚ du feutre‚ voire même … de l'huile. Beaucoup de ses oeuvres sont mixtes et « inclassables ». Et il est toujours en recherche. Dès qu'il sent qu'une technique est assimilée‚ il cherche « quelque chose de nouveau ».


Lors d'une discussion avec lui‚ je lui demandais son impression sur un artiste assez célèbre.
« Ah‚ X…‚ quel dommage ! C'était un bon peintre ! »
L'imparfait me choque.
« Quoi‚ il est mort ? »
« Non‚ pourquoi ? … C'était un très grand peintre mais il n'a pas eu de chance : il a réussi. Maintenant‚ il vend … Ah‚ s'il avait continué … !!! »





Charlotte‚ son mécène


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Exposition sur le thème des arbres

Bien sur‚ André Patte n'aurait pas été le peintre qu'il est devenu sans la présence de sa femme‚ Charlotte.

L'artiste était dynamique‚ joyeux mais insouciant. Charlotte‚ aussi dynamique que son mari‚ avait les pieds bien sur terre. Sage–femme‚ elle avait crée une petite clinique. C'est elle qui « faisait bouillir la marmite ».

Quand nous en plaisantions avec lui‚ il disait : « je pense que tous les vrais artistes sont un peu frappés d'alignement »


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